L'épave MV Salem Express

Le Salem Express était un ancien ferry de 115 m de long, qui a coulé en 1991 juste au Sud de Safaga et qui a couté cher à la vie de nombreuses personnes. La tragédie de cet événement fait de la plongée de Salem Express une expérience unique et laisse une impression durable sur la plupart des plongeurs. L’épave repose sur son côté tribord sur un fond de sable plat à 27 m de profondeur ; la section la moins profonde se trouve à seulement 7 m.
Il y a un côté inquiétant à plonger dans une épave là où la tragédie humaine est si évidente. Au fond de la mer se trouvent des objets personnels du quotidien tels qu’un sac à main, une mallette, un tricycle pour enfant. Les canots de sauvetage du navire se trouvent également à côté de la coque du navire. Plonger sur l’épave a été un sujet de controverse en raison du nombre de vies perdues. Le bilan officiel est de 470 morts, mais à partir des estimations de l’opération de sauvetage, le bilan serait de 850 corps récupérés. La présence de restes humains à l’intérieur du navire signifie que le Salem Express a été déclaré tombe maritime et la pénétration est interdite, sauf dans la zone de chargement. Cela signifie que vous pouvez explorer l’ensemble de l’épave de la proue à la poupe en une seule plongée, mais le site ne doit pas être dérangé.
À la proue, les ancres du naviresont restés en place. La porte de la proue restée ouverte a permis à l’eau de pénétrer dans le pont-garage. Les treuils de guindeau d’ancre sont encore dessus, ainsi que des conduits de ventilation dépassant du pont. Le côté bâbord du navire condamné a de nombreuses fenêtres dans des cabines qui regardent silencieusement vers la surface. L’escalier des cabines longe le pont principal d’avant en arrière, avec des mains courantes. La poupe du navire et la vue sur le gouvernail sont absolument époustouflantes. Le logo de la société Samatour est toujours visible sur les cheminées du navire.
Vous commencerez probablement votre plongée en descendant jusqu’à la proue où vous pourrez voir les dommages causés par l’impact et les portes de la proue ouvertes. A proximité se trouve le pont du capitaine, dont une partie peut être pénétrée. Étant donné que l’épave repose sur son côté bâbord, vous pouvez nager le long de ce qui était le pont supérieur en regardant les tôles du toit en métal qui reposent maintenant éparpillées sur le fond marin. Vers la poupe, vous pouvez voir les canots de sauvetage inutilisés et pénétrer dans la zone de chargement des véhicules. La rumeur veut que, puisque tous les corps n’ont pas pu être extraits, une partie du navire a été scellée pour toujours.
Les bords nord et sud offrent une plongée murale recouverte de coraux et d’éventails. Ici, vous pourrez voir des vivaneaux et des carangues. Vous passerez les dernières étapes de la plongée sur le côté tribord où vous pourrez regarder dans les fenêtres de la cabine qui sont presque toutes cassées, probablement lors du retrait des corps. À l’intérieur, il y a des sièges et des lits superposés dont certains sont encore avec leur matelas, s’élevant au-dessus des ressorts rouillés.
La vie marine n’est pas l’une des principales attractions de la plongée ici. D’innombrables syngnathes ont élu domicile dans le Salem Express, et des bancs de poissons-perroquets et de poissons-papillons aux couleurs vives cherchent de la nourriture sur la coque. Il y a encore très peu de croissance corallienne ici. Alors que la plupart des épaves semblent être des événements si lointains qu’il y a peu de pensée pour les victimes, il est impossible d’ignorer la tragédie du Salem Express de la mer Rouge, et vous ne pourrez faire surface de cette plongée qu’en ayant un pensée profonde pour elles.
Le 15 décembre 1991, le Salem Express faisait route vers le port de Safaga en provenance de Djeddah (Arabie saoudite). À bord, se trouvaient des pèlerins de retour de La Mecque, et le passage du navire avait déjà été retardé de 2 jours en raison de problèmes mécaniques. Vers la fin du voyage, le temps s’est détérioré, des vents violents et de fortes vagues secouaient le navire.
Le capitaine Moro avait commandé le ferry pendant 3 ans et connaissait très bien les eaux au large de Safaga. Il décida de prendre un raccourci familier entre Hyndman Reef et la côte égyptienne au sud de Safaga, au lieu de la route recommandée au nord, autour de Panorama Reef. Compte tenu des conditions météorologiques, le navire a été décalé de près d’un kilomètre et, juste avant minuit, le Salem Express a heurté le récif, creusant un trou béant dans la proue tribord et forçant les portes de la cabine de proue du navire à s’ouvrir, provoquant un énorme afflux d’eau de mer.
En quelques minutes, la panique éclatait à bord. En 20 minutes, le navire a coulé dans près de 30 mètres d’eau, emportant avec lui de nombreux passagers coincés sous les ponts. Il a été rapporté que sur les 578 passagers et 71 membres d’équipage qui étaient à bord, seuls 180 ont survécu en restant à flot, en pleine mer. Le bilan officiel des morts s’élève à 464 personnes, mais la marine égyptienne a effectué une opération de sauvetage 2 jours plus tard qui a duré 3 jours. On a estimé que 850 corps ont été récupérés et qu’il en restait beaucoup d’autres à l’intérieur ; il était jugé trop dangereux de poursuivre l’opération au plus profond des ponts inférieurs. La Marine a été assistée par des plongeurs professionnels d’Hurghada et de Safaga et l’expérience a été si traumatisante que beaucoup ne sont plus jamais retournés à la plongée sous-marine. Il n’est pas difficile d’imaginer la terreur du naufrage et la tâche sinistre de ces premiers plongeurs sous-marins au lendemain.
Le Salem Express a commencé sa « vie » sous le nom de Fred Scamaroni. Il a été construit à La Seyne, France entre 1963-65. Un incendie provoque un retard de mise à l’eau et le navire entre enfin en service entre Marseille et la Corse en 1966. Le navire mesure 115 mètres de long, 18 mètres de large et 5 mètres de tirant d’eau. Il était capable d’atteindre des vitesses allant jusqu’à 20 nœuds. La capacité de charge officielle était de 1 200 personnes et 142 véhicules. Il y avait aussi 428 cabines pour l’hébergement des passagers
Au début des années 1980, le Fred Scamaroni a été vendu à une compagnie maritime danoise et le rebaptise Nuits Saint George. A cette époque, il est utilisé brièvement pour le service de ferry Ramsgate – Dunkerque le 15 mai 1980. En novembre 1980, le Nuits Saint George a été vendu à une compagnie maritime égyptienne, qui le rebaptise Lord Sinai, puis l’Al Tahra, assurant un service sur la route Aqaba-Suez jusqu’en 1988. Finalement, le navire fut vendu à la Samatour Shipping Company (Hussein Salem en était le propriétaire) et le rebaptise Salem Express. Il a navigué sur la route Jeddah-Suez de 1988 jusqu’au moment de son naufrage en 1991.